La crise climatique impacte inégalement les populations d’une même ville. Les habitants des Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV) sont plus exposés, bien qu’ils émettent moins de gaz à effet de serre.
Cette iniquité climatique s’explique par :
– des logements petits, mal isolés, parfois humides, et exposés aux variations de température ;
– un aménagement des quartiers offrant un accès limité aux aménités environnementales comme les espaces verts ;
– une confrontation accrue à des nuisances : bruits, pollutions industrielles et trafic routier.
Ces inégalités concernent particulièrement la MEL, où 20% des habitants vivent dans les 26 quartiers prioritaires de la politique de la ville, répartis sur 20 communes, avec 242 200 personnes directement concernées.
Une grille d’analyse systémique de la transition écologique dans les QPV
L’Agence propose une grille d’analyse systémique, inspirée de la définition gouvernementale de la transition écologique et solidaire.
Elle permet :
– d’analyser la mise en place opérationnelle de la transition écologique et solidaire dans les QPV. A travers cette grille, deux projets de renouvellement urbain sont analysés : aux Oliveaux à Loos et à la Bourgogne à Tourcoing ;
– de mettre en évidence le champ des possibles en matière de transition écologique et solidaire et d’orienter les projets.
Une forte vulnérabilité dans les QPV en termes de santé environnementale
Depuis 2018, l’Agence accompagne la dynamique de la MEL autour de la santé environnementale, inscrite dans la délibération cadre « Construire une métropole à santé positive ». Ce travail, qui sera prolongé en 2025, permettra de préciser les caractéristiques des différents quartiers et leurs besoins.
Les indicateurs actuels montrent que 91% des habitants des QPV résident dans des Iris [1] vulnérables, dont 60% dans des zones qualifiées de « fragiles », soit près du double de la moyenne métropolitaine (34%). Ces quartiers se distinguent par des infrastructures vieillissantes ou inadéquates, des logements anciens et dégradés, des îlots de chaleur urbains etc.
[1] Les IRIS sont les plus petites unités statistiques infra-communales. Ils couvrent les communes de plus de 10 000 habitants et, pour la plupart, celles de plus de 5 000 habitants, avec une population généralement comprise entre 1 800 et 5 000 habitants.
Différents rapports à l’écologie en milieu populaire
Contrairement aux idées reçues, les habitants des QPV ne sont pas éloignés des enjeux écologiques. Les 86 habitants rencontrés lors d’entretiens qualitatifs expriment des perceptions variées.
Certains rejettent l’écologie, perçue comme un concept élitiste ou inaccessible. Cette relation ambivalente s’explique par des barrières psychologiques et matérielles (fatigue, manque de moyens) ainsi qu’un manque d’information. Les habitants jugent souvent leurs actions insuffisantes, bien qu’ils s’investissent déjà dans des pratiques durables.